La Mindfulness : plus qu’une pratique, une façon d’être

Afin de lutter au mieux contre les angoisses de la vie quotidienne, la mindfulness est une approche qui se répand de plus en plus tout en restant entourée d’un halo de mystère. Prenant racine dans la méditation bouddhiste, mais dénuée de toute connotation religieuse, la « pleine conscience » est surtout un entraînement de l’esprit. Je l’ai testée et vous rapporte ici mon expérience.

Un guide de vie

La vie n’est pas un problème qu’il faut résoudre. Ce n’est pas une équation dont il s’agit de démasquer l’inconnue. Dès lors qu’on se pose mille questions par jour sur tout et sur rien, on prête le flanc à la rumination mentale, au développement des frustrations, et donc à la création d’angoisses. Croyez-moi, je suis passé par là, j’ai été au bord du burn out.

Vous allez dire que je joue au psychologue de comptoir. Pourtant, il y a beaucoup de vrai là-dedans. Pour emprunter un jargon volontiers psychologiste, je dirais qu’on fonctionne sur le mode du « faire » alors qu’il faudrait, dans l’idéal, privilégier le mode « être ». C’est-à-dire agir moins en regard de notre corps que de notre esprit, et entraîner le second à n’être pas autant tributaire du premier.

Petite explication sur la mindfulness

La mindfulness, ou pleine conscience, est donc moins une pratique (au sens où l’on pratiquerait un sport régulièrement) qu’une façon d’être. Il est un état de conscience naturel que l’on peut atteindre grâce à des exercices de méditation, en focalisant son attention sur le moment présent et sur la succession des instants.

Vous connaissez le philosophe grec Héraclite ? Il a écrit cette formule célèbre : « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Comprendre : les choses sont en perpétuel changement, tout comme notre vie intérieure. Notre conscience elle-même évolue comme le fleuve qui s’écoule, et si l’on ne se baigne pas deux fois au même endroit, on ne vit pas non plus deux fois la même chose.

La mindfulness, c’est un peu ça : une façon d’accepter la vie telle qu’elle est, parvenir à en profiter en toute sérénité. Et s’affranchir de toutes ces choses qui peuvent provoquer en nous souffrances émotionnelles, troubles psychologiques, douleurs psychosomatiques.

Un concept au croisement de deux mondes

La mindfulness réside au croisement de deux influences et de deux cultures : d’une part, la tradition philosophique venue d’Orient, et sa maîtrise des techniques de méditation ; d’autre part la science occidentale dans le domaine de la psychologie, notamment les neurosciences, qui nous apprennent à mieux appréhender le fonctionnement du cerveau.

C’est aussi la rencontre de deux temporalités : le passé et ses traditions ancestrales ; et le présent et son pragmatisme scientifique. C’est encore le meilleur moyen de faire coïncider nos besoins en pratiques anciennes, remèdes naturels et thérapies traditionnelles, avec la réalité des sociétés modernes où l’on vit.

C’est qu’à force d’être ancrés solidement au sol, à force de vouloir à tout prix avoir les pieds sur terre, on en oublie de profiter des bienfaits de la spiritualité. Le fait est que notre corps à besoin de notre esprit, et vice-versa ; et qu’un bon « faire » passe toujours par un bon « être ».

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Les bienfaits de la pleine conscience

En 5 points, je vous explique ce que la mindfulness nous offre :

  • Apprendre à être en prise directe avec le monde, à ne plus se laisser tirer vers le bas par le poids perpétuel de la pensée. Il ne s’agit pas d’arrêter de réfléchir et de penser (il n’y a pas de police de la pensée façon 1984 dans cette méthode), mais de se débarrasser de ces idées qui pèsent, et de passer du temps à observer la vie sans être écrasé par elles.
  • Apprendre à voir les pensées comme des événements mentaux qui vont et viennent, et non comme des vérités absolues. Distinguer la pensée, subjective, de la réalité, objective. En somme : ce n’est pas parce qu’on se pense inutile qu’on l’est réellement.
  • Apprendre à vivre dans l’instant présent. Horace a écrit « Carpe Diem », « Cueille le jour présent » : vous connaissez cette formule si vous avez déjà lu ou vu Le Cercle des poètes disparus. Appliquons-la au quotidien ! Cela implique de ne plus s’appesantir sur le passé et de ne plus se projeter constamment dans l’avenir.
  • Apprendre à résister à la tentation de se laisser tirer vers le bas. Humeur sombre, état anxieux, angoisse passagère : ce sont les moments critiques où notre conscience est tentée de plonger dans l’abîme, et il ne faut pas se laisser entraîner. Pour cela, il s’agit d’abord de reconnaître ces instants où l’on perd pied.
  • Apprendre à expérimenter un nouveau niveau de conscience à l’aide de la méditation. Débrancher le « pilote automatique » qu’on a dans la tête pour atteindre à une meilleure conscience des choses, de soi-même, de ses sens et de ses émotions. Cesser de vouloir à tout prix découvrir l’extérieur pour se découvrir plutôt soi-même en-dedans.

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Deux programmes de mindfulness

La mindfulness est, en gros, une thérapie de groupe. Les participants se réunissent autour d’un instructeur pour une séance quotidienne, deux mois durant. L’instructeur guide pas à pas les participants vers l’apprentissage de leur propre expérience méditative ; c’est un peu comme avoir un coach en énergie spirituelle ! Deux programmes sont proposés :

Le MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) : un programme visant à améliorer le bien-être général d’une personne tourmentée par le stress et par les souffrances provoquées par celui-ci. Il a été inventé par Jon Kabat-Zin, professeur à l’École de médecine de l’université du Massachussets, à la fin des années 70.

Ce programme, inspiré des enseignements bouddhistes, enseigne les principes de la méditation pour mieux porter son attention vers les contenus de la pensée, les sensations corporelles, les manifestations émotionnelles. Il s’agit de mettre le doigt sur les éléments qui sont en cause dans les tourments psychologiques et psychosomatiques, et d’y bien répondre.

Le MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) est une thérapie cognitive développée par les psychologues Zindel Segal, John Teasdale et Mark Williams. Elle est aussi inspirée des enseignements bouddhistes, elle s’affranchit toutefois de toute dimension spirituelle pour développer une démarche plus scientifique.

La méditation y est employée à des fins thérapeutiques de gestion émotionnelle. Le programme est ainsi instruit par des psychologues et des psychiatres qui enseignent aux participants comment développer des stratégies efficaces pour éviter que les troubles ne s’installent. En somme, on y apprend à gérer ses émotions de façon constructive.

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Une méthode à appliquer sans attendre !

La mindfulness se développe et prendre de plus en plus d’ampleur dans notre société – la preuve, l’association pour le développement de la Mindfulness s’occupe depuis 2009 de promouvoir et de diffuser les préceptes de la pleine conscience auprès du grand public. L’avantage avec une telle méthode, c’est qu’elle ne s’appuie sur aucun médicament ni aucun traitement quelconque – donc pas de risques.

Pour moi, le champ d’application de la mindfulness le plus propice a été le monde du travail. Angoissé au quotidien, stressé par des objectifs écrasant, poussé à bout par les demandes incessantes des collaborateurs et des supérieurs, il m’a fallu développer une solide conscience de moi et du temps présent pour ne pas finir par exploser comme une bombe atomique.

Et vous savez quoi ? Sur le long terme, la méthode donne des fruits. Sérénité et calme sont mes nouveaux mots d’ordre. Une tâche urgente à réaliser ? On y va tranquillement, mais sûrement. Un coup de pression ? Il suffit de souffler un coup – et c’est mieux que d’aspirer la fumée d’une cigarette.

Le seul problème ? C’est qu’il faudrait que mon patron aussi se mette à la pleine conscience !

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