L’hypocondrie, ça se soigne, docteur ?

Si elle prête parfois à sourire, l’hypocondrie n’est pas un trouble à prendre à la légère : c’est une véritable maladie dont souffrent de plus en plus de gens. Peur des affections graves, expression de notre fragilité face à la mort, projection d’une dépression intérieure… Les terreaux sur lesquels l’hypocondrie prospère sont nombreux. Voici mon guide à destination des hypocondriaques qui s’ignorent encore.

Hypocondrie et hypocondriaques

Savoir que nombre de génies de la littérature ou de la musique étaient hypocondriaques (lire la page suivante) ne vous aidera en rien à combattre votre propre hypocondrie, si vous y êtes sujet. Mais cette information aura au moins quelque chose de rassurant : non seulement vous n’êtes pas seul, mais en outre, vous partagez ce souci avec de grands noms de notre temps.

Certains psychologues ont même sauté le pas, et théorisé que l’hypocondrie, ou syndrome du malade imaginaire, pouvait entretenir un lien avec l’intelligence. Cela donnerait le syllogisme suivant : l’hypocondriaque a un cerveau qui travaille trop ; le génie a le ciboulot qui surchauffe ; donc l’hypocondriaque est un génie.

Même si cette proposition était exagérée, des exemples modernes de malades imaginaires sévères – Woody Allen et Michel Drucker étant sans doute les plus célèbres d’entre eux, juste devant Dany Boon – nous prouveraient au minimum que l’hypocondrie est souvent synonyme d’activité et de création.

Entrons maintenant dans le détail de l’hypocondrie. De quoi s’agit-il exactement ? Comment déterminer si on en souffre ? Comment combattre cet état ?

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Plutôt crever qu’avoir peur de mourir !

Voici les trois principes qui définissent l’hypocondrie :

  • Il s’agit d’une forme d’obsession dont l’objet est la maladie. On croit être atteint d’un mal (léger ou grave) malgré des examens médicaux négatifs et l’absence d’atteinte physiologique.
  • L’hypocondriaque pense avoir toutes les maladies, successivement ou en même temps. Le moindre symptôme donne lieu à une attaque de panique : une douleur dans l’estomac est une tumeur, une toux persistante est une tuberculose.
  • L’atteinte peut être plus ou moins grave. Dans sa forme légère, l’hypocondrie est totalement dénuée de manifestations physiques réelles : on s’imagine simplement avoir telle ou telle maladie. Dans sa forme sévère, les symptômes se développent en douleurs ou manifestations réelles, produites par le cerveau : l’hypocondriaque souffre pour de vrai, alors même qu’il n’a pas d’affection déclarée.

L’hypocondrie traduit le plus souvent une double peur : celle de la mort, et celle de l’immobilisme (ou de l’inactivité). On peut résumer ces deux paradigmes à un seul : la maladie effraie l’hypocondriaque parce qu’elle a pour conséquence un coup d’arrêt fatal à l’existence. Elle occasionne donc un éloignement progressif du plaisir et du bonheur.

Hypocondriaques, sachez pour autant que vous n’êtes pas seuls. La maladie de l’imaginaire est aussi le mal du siècle : selon cette étude Capital Image/Ifop de 2014, 13% des Français craignent les maladies (même en l’absence de tout symptôme) et 32% ont peur au moindre signal qu’ils jugent inquiétant. 1 personne sur 3 pourrait être, ou devenir, hypocondriaque.

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Les symptômes de l’hypocondrie

L’hypocondrie est donc à considérer comme un trouble en soi : c’est la maladie de la peur des maladies. Souvent, l’hypocondriaque estime d’ailleurs qu’il ne peut pas être compris par qui que ce soit dans son entourage, excepté par d’autres hypocondriaques.

Voici les symptômes qui pourraient révéler votre hypocondrie :

  • Vous êtes situé dans une tranche d’âge qui n’est pas à risque (moins de 50 ans) et vous n’avez pas de symptôme révélateur, mais vous SAVEZ que vous êtes gravement atteint.
  • Vous vivez dans une grande ville, par exemple à Paris ou en région parisienne : c’est le cas d’1 personne sur 5 concernée par l’hypocondrie. Les voyages en transports en commun, la promiscuité, la saturation médiatique sont autant de racines du problème.
  • Vous consultez Internet au moindre bobo ou dès l’apparition d’un signe que vous jugez inquiétant (douleur, plaie, bouton, tache cutanée). Doctissimo est votre meilleur ami. Le souci, c’est que dès que vous tapez « douleur au rein » sur Google, c’est toute une liste de cancers ignobles qui apparaît. Et ça ne fait qu’aggraver les choses.
  • Vous consommez plus de médicaments que de nourriture ;
  • Vous répétez constamment les mêmes phrases : « Je fais une crise cardiaque, c’est certain » ; « Il faut que j’aille voir un médecin (oui, même si je suis déjà allé hier) » ; « Je pense que le docteur se trompe quand il me dit que je n’ai rien » ; etc.
  • Vous devenez invivable pour vos proches et vos amis, parce que vous vous plaignez constamment d’avoir tel ou tel problème.
  • Vous finissez par vous replier sur vous-même, par sortir de moins en moins, par ne plus communiquer sur vos soucis. La dépression guette.

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Comment s’en sortir ?

L’hypocondrie est de mieux en mieux connue, mais reste mal considérée par le monde médical. Vous pouvez en deviner la raison : vous trustez une séance chez un praticien pour des clous, alors qu’il y a de vrais malades qui attendent. Un docteur vous renverra donc volontiers à un psychologue, en partie pour vous aider, en partie pour se débarrasser de vous.

Pour combattre l’hypocondrie, il faut :

  • Prendre conscience de son problème et être prêt à le soigner ;
  • Consulter des spécialistes (psychologue, psychiatre, psychanalyste, thérapeute, comportementaliste, etc.) qui vous aideront à trouver le moteur de l’hypocondrie, souvent caché dans l’inconscient, et à mieux gérer ce trouble ;
  • S’assurer du soutien de ses proches ;
  • Travailler sur soi : méditation, mindfulness, yoga… Peu importe la méthode, tant que vous parvenez à adopter une certaine « positive attitude» !
  • Et cesser de consulter les moteurs de recherche à la moindre douleur, pour ne pas entretenir le malaise.

Gardez en tête, cependant, que l’hypocondrie n’est pas un mal qui se soigne pour de bon, mais un trouble qui se soulage seulement. Le reste se passe dans la tête. Et votre tête, c’est vous qui la contrôlez !

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